Voilà pour la Pérégrination vers l'Ouest, c'est fini. Le moment pour moi de passer à autre chose, après ces plus de 2000 pages d'intense plongée dans l'univers de la fantasy médiévale tao-bouddhique. Il me reste donc deux personnages principaux à vous présenter (après Son Gokû et le cochon) : Tripitaka, le moine à la recherche des soutras et le dernier de ses compagnons-monstres, Sablet Conscient-de-la-pureté.
Sablet Conscient-de-la-pureté (沙悟浄 Sha Wujing, Sa Gojô)
Bien que présent tout au long du roman, ce troisième monstre n'a pas vraiment de pouvoirs magiques. Il était autrefois un mortel qui, par une longue pratique, a atteint l'immortalité et été invité aux cieux. Pendant la fête des pêches d'immortalité (ces fameux fruits taoïstes qui rendent immortels), il a cassé un vase, ce qui lui a vali d'être replongé sur terre où, dans un fleuve, il se nourrit de chair humaine jusqu'à ce que le moine chinois vienne le chercher. Et ensuite, il tire le cheval de Tripitaka et tout va bien pour lui (même s'il contribue grandement à poutrer la gueule à quelques monstres.
Ce qui est surtout intéressant, c'est que les versions japonaises en font un kappa, vous savez, ces petits lutins aquatiques avec un bol sur le crâne qui passent leur temps à faire des facéties aux pauvres humains qui les croisent. On n'est pas très loin de l'original, mais on voit à quel point les japonais, sur le plan littéraire, arrivent toujours à s'approprier tout et n'importe quoi.
Et pour ceux qui se posent la question, il s'agit de ce personnage, dans Dragonball (son nom est ici Yamcha).
Ressemblant, hein ?
Tripitaka (玄奘三蔵法師 Xuanzang sanzang fashi, Genjô sanzô hôshi)
Le dernier et non le moindre, le héros de l'histoire - et accessoirement héros de l'Histoire, j'ai nommé le très Vénérable Tripitaka. Si son rôle dans le roman se limite à pleurer sur le sort des innocents et se faire enlever par toutes sortes de monstres, il est surtout l'avatar d'un personnage historique du même nom qui, lui, a bel et bien existé.
Xuanzang (602-664) est connu à la fois comme le traducteur d'un grand nombre de soutras du sanskrit vers le chinois (c'est un confrère), comme un explorateur important (il a voyagé pendant 14 ans en Inde et ramené de nombreux témoignages) et il est le fondateur de l'école bouddhiste Faxiang / Hossô (法相宗), qui part du principe que "tout est esprit" et qui existe encore de nos jours, au Japon en particulier.
Il est, dans le monde chinois historique une figure tellement incroyable qu'il n'est pas étonnant qu'il devienne le héros de cette saga complètement hallucinante qu'est la Pérégrination : après tout, quelle différence entre parcourir les Indes 14 années durant et affronter des monstres pour aller chercher les soutras des mains du Bouddha lui-même dans la Terre pure de l'Ouest ? Si peu de choses...
Il est à noter que le personnage est censé être si beau qu'au Japon, il est joué par une femme.
Difficile de lui trouver un équivalent dans Dragonball... A moins que...